Comment en étais-je arrivée là ? Je longeais le mur, à mon poste, prête à tirer sur toute menace, sur mes gardes, sur les nerfs. Je me mordais l'intérieur de la joue, tellement que je sentais le gout métallique du sang se répandre dans ma bouche. J’entendis des pas derrière moi et me retournais.

« Tu peux aller te reposer Quesh’ »

C’était la relève. Je relâchais mes muscles et abaissais mon arme. Ernesto me frappa l’épaule et je lui lâchais un sourire. Je redescendais vers ma tente, j’avais besoin de sommeil. Arrivée à celle-ci, j’enlevais mon gilet et mon bonnet. Je défaisais les boutons de ma blouse et enfilais un pull en grosse laine assez chaud. Je me glissais dans mon sac de couchage et je fermais les yeux.

« Major White ! Votre époux au téléphone. » Je souriais de toutes mes dents et courais récupérer le combiné. « Allo chéri ! Ça va ? » Lorsqu’il prit la parole, je compris que quelque chose n’allait pas. « Queshia ... truc ... cloche ... étranges ... passés ... barricadé chez nous. » J’essayais de comprendre entre les grésillements et les coupures. « Quoi ? Je t’entends mal. » je n’entendais plus rien. « Rentre. » et puis le téléphone coupa. Je retournais vers les autres qui s’étaient amassés autour de la télévision.
« On nous rapporte plusieurs cas similaires dans tout le pays. Et peut-être même sur toute la terre. Le gouvernement Américain à demander aux habitants de rester barricadés chez eux et de ne pas en sortir. »
Je lançais un regard à l’un de mes camarades. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » J’étais inquiète. « Des zombies... Il y en a partout ... » « Atlanta ? » il acquiesça. Je repensais alors à la conversation que je venais d’avoir quelques secondes plus tôt. Nous étions au beau milieu de l'océan sur un porte-avions. Pourquoi le gouvernement ne nous avait pas prévenu ? Pourquoi nous ne recevions aucun ordre ? C’est à ce moment-là que la sonnerie retentit. Je courais vers mes appartements tout en enfilant les manches de mon uniforme. J’y récupérais quelques effets et retournais sur le pont. Les ordres fusèrent et je me rendais à mon avion. J’embrassais la photo de mon mari et de mon fils pendant que l’avion se mettait en route. Je l’accrochais au tableau de bord, comme à chaque fois que je montais dans le cockpit. Nous avions pour ordre de rejoindre le continent américain et de faire exploser les gros foyers. En arrivant en Caroline du Sud, un orage éclata. Mon avion fut pris dans un éclair et alla s’écraser au sol. Ce genre de chose arrivait, malheureusement. J’avais eu le temps de m'éjecter et je descendais en parachute vers le sol. J'atterrissais dans les bois et sortais mon Gps pour savoir où je me trouvais. La ville d’Aiken se situait non loin de là. Ma radio ne fonctionnait plus, évidemment. Je décidais donc de me rendre dans cette ville. Peut-être y trouverais-je un moyen de communiquer avec mes supérieurs. Après plusieurs heures de marche, je me retrouvais enfin aux abords de la ville. Des voitures jonchaient la route, il y régnait une ambiance apocalyptique. J’avançais un peu plus, m’enfonçant dans la ville déserte. Du moins, c’est ce que je pensais. J’entendis un bruit derrière moi et fis volte-face. Je crus d’abord à un homme mal-en-point et puis il passa dans la lumière d’un réverbère et je compris qu’il s’agissait d’autre chose. Il se mit à courir vers moi et sans hésiter je dégainais mon arme et lui tirer une balle dans la tête. Je restais un instant pétrifiée avant de m’approcher de ce que je venais d’abattre. Non, ce n’était plus humain... Je pensais alors à ma famille restée à Atlanta et je cherchais une voiture. Heureuse de tomber sur une ou le plein était fait, j’entreprenais de la faire démarrer avant de prendre la route pour Atlanta.
Je tentais de prendre le chemin le plus court tout en évitant les villes. Je rencontrais tout de même quelques zombies sur mon passage, sans croiser autre âme qui vive. L’angoisse était encore plus grande. Ils sont surement en vie ! C’est ce que je me répétais sans cesse. Il fallait que je garde espoir. En arrivant à Atlanta, je compris qu’il était surement trop tard. Je me dirigeais vers Georgia Avenue et montais les escaliers de notre immeuble. J’avais eu beaucoup de chance de ne croiser aucun de ces monstres et avais l’espoir de retrouver mon époux et mon fils en vie, barricadés dans notre appartement. Je frappais à la porte en criant leurs noms, mais personne ne répondait. Je finissais par défoncer celle-ci. En rentrant de l’appartement, il n’y avait aucun bruit. Je m’avançais dans les pièces lorsque j’entendis des gémissements. « Aaron ? Paul ? » Je passais le pas de la porte de la cuisine et retrouvais mon époux étendu sur le sol, à peine conscient, tandis qu’un petit être se tenait au-dessus de lui. « Chéri, c’est maman, je suis là ... » mon fils se retourna et un cri s'échappa de mes lèvres. Il n’était plus mon fils. Du sang sur ses mains et sur sa bouche. Je compris qu’il était en train de dévorer son père... Il se leva et s’avança vers moi. Je me mis à reculer. J’avais du mal à assimiler la chose. Il n’était plus mon fils, une partie de moi me pousser à prendre mon arme et à tirer tandis qu’une autre me répétait qu’il s’agissait de mon fils. Alors qu’il allait se jeter sur moi, je tirais. Son petit corps tomba sur le sol. Je me mis à crier.


« Queshia ! Queshia !! C’est un rêve ! Ce n’est rien, réveilles-toi et calmes-toi. »

J’ouvrais les yeux. Ce n’était pas un rêve. C’était un souvenir... Le souvenir le plus atroce que j’avais eu jusqu’à aujourd’hui. Tuer des zombies ne me faisait plus rien, mais avoir à tuer mon fils et achever mon mari qui me suppliait en agonisant, ça ça avait été l’enfer pour moi... J’avais trouvé le camp des survivant sur la presque île Island Dr. Je m’étais proposé pour garder le camp. Toutes les nuits je faisais ce même rêve. Dès que je fermais les yeux, je revoyais mon fils penché sur mon mari, entrain de le dévorer. Je me revoyais leur tirer une balle entre les deux yeux, en espérant que cela arrêterait leurs souffrances...