Quand le rêve vire au cauchemar...


Normalité. Telle était la vie que je menais avant ce foutoir... Je vis le jour à Atlanta, dans un hôpital publique tout comme les trois-quarts des habitants de cette planète. J'arrivais huit ans après la naissance de Julia; quatre ans après celle de Kenan; et cinq ans avant celle de Cameron, notre cadet. Nos parents appartenaient à ce que l'on appelait la classe moyenne. C'est-à-dire que leurs revenus ne descendaient ni trop bas et ne montaient ni trop haut. Ils gagnaient juste un salaire normal. Mon père exerçait l'honorable métier d'antiquaire tandis que ma mère se montrait douée dans la vente immobilière. Nous habitions une maison de banlieue juste assez grande pour nous héberger tous les six.
Enfance sans embûche. Nous grandîmes simplement. Élevés ni dans le luxe, ni dans la pauvreté. Nous ne manquions de rien et surtout pas d'affection. La joie et la bonne humeur étaient monnaie courante chez les Lewis. Nous ne nous prenions que rarement la tête. Et lorsque ça arrivait, cela ne durait jamais très longtemps. Nos géniteurs nous inculquèrent très tôt des valeurs, une morale ainsi qu'une éducation juste.
Une adolescence comme les autres. J'étudiais sérieusement au collège tout comme au lycée. Mes notes restaient élevées tant que je travaillais un minimum. D'ailleurs, je n'avais jamais vraiment eu à me donner corps et âmes dans mes années du secondaire. De plus, de nature curieuse, je ne me permettais pas de gaspiller mon temps précieux à quelques leçons d'algèbre. Je commençai à sortir, pas par désir de transgresser les figures d'autorité, mais seulement pour le simple plaisir d'en découvrir toujours plus. Je finis par dénicher des tonnes de raccourcis, des tas d'endroits très peu fréquentés et surtout je compris quel métier je voulais pratiquer. C'est durant cette période que ce réveilla mon amour pour l'architecture.
Des années universitaires sans encombre... Enfin, presque. Peu à peu, la fratrie quitta le foyer. Julia s'enfuit à Indianapolis avec son mec du moment. Puis Kenan s'installa dans un appartement en ville, alternant études et jobs à temps partiel. Bientôt mon tour arriva. Mon cursus semblait déjà tout tracé. Je m'instruirais pendant huit années, puis travaillerais en tant qu'architecte attitré au sein d'une grande chaîne d'hôtels luxueux. Mon avenir reposait sur ce rêve, sur cette passion pour le dessin et le répérage. Rien d'autre ne comptait. Oui j'avais connu des filles, et oui j'étais entouré d'amis. Mais même si tout cela se montrait agréable, je ne cherchais jamais les problèmes que pouvait engendrer ce genre de fréquentations. Je prenais la vie comme elle venait.
Seulement, toute cette petite vie tranquille bascula du jour au lendemain...

... Il faut se battre et ne jamais abandonner. Abandonnez, et c'est la mort assurée.

"Ceci est un message du gouvernement...zzzzzzzzz..... Appel à toute la population, il est conseillé de rester chez vous, munissez vous de vivres pour les jours à venir. Ne sortez..zzzzzz..., sous aucun prétexte.. Ceci est un message du gouvernement...zzzzzz..."

Début de la fin. Il y a de cela six mois, ce message passa en boucle sur la radio universitaire. Alors que j'assistais à un de mes cours, mon regard se perdit quelques secondes sur l'extérieur du bâtiment. Ce court laps de temps demeurera à jamais gravé dans ma mémoire. Il ne se déroulait pas un jour sans que cette chose dévorant une personne encore vivante ne hante mes pensées. Pourtant, c'était bien réel. Cet atroce événement anéanti les projets d'avenir de milliards d'individus, réduisant à néant toute chance d'accéder au bonheur éternel...
Un autre coup d’œil vers la fenêtre. Des dizaines de ces monstres s'infiltraient déjà dans l'enceinte de la fac. Un cri strident retenti, tout de suite suivi par un grognement guttural. Je n'oublierai jamais le silence de mort qui régna ensuite. Puis se fut la panique. Les étudiants et les professeurs s'agitaient dans tout les sens. Il y avait ceux qui tentaient de s'échapper le plus vite possible, ceux qui téléphonaient à leur proches pour se rassurer et ceux qui restaient pétrifiés par la peur. De mon côté, je ne m'incluais dans aucune de ces catégories. Oui j'avais couru de toutes mes forces, mais ce n'était pas pour fuir. Je savais que cela serait inutile si je me retrouvais face à une de ces créature. J'avais foncé jusqu'au gymnase et avais volé - enfin emprunté à long terme - plusieurs battes de baseball, un casque de football et tout autres accessoires susceptibles de faire office d'armes d'auto-défense. Puis j'avais décidé de me réfugier dans la réserve le temps que ça se calme. Seulement, une fille hurla dans une salle non loin de moi, et dans un élan de courage irréfléchi j'avais accéléré dans sa direction. C'est à ce moment-là que je rencontrai Heaven. Elle se trouvait recroquevillée dans un coin face à un zombie. Ouais un zombie... Je ne pensais qu'à l'aider. Ce qui explique sûrement pourquoi, pour la première fois de ma vie, j'explosai la tête de quelqu'un - ou plutôt quelque chose - à l'aide de mon arme de fortune. Je n'avais jamais frappé quelqu'un, mais aux vues des circonstances, il avait fallu réagir vite. Question de vie ou de mort, au sens littérale.  
J'avais ramener Heaven à la réserve de la salle de sport et visiblement, je n'étais pas le seul à avoir pensé à nous y cacher. D'autres étudiants - bien que peu nombreux - avaient fait de même. Je fis alors la connaissance de Jared son frère jumeau, ainsi que de Adam un professeur. Je fus heureux de constater que Adrian s'en était sorti lui-aussi. Nous restâmes quelques temps tous ensemble, mais un jour l'autre il faut sortir. Le groupe se divisa, souvent. Au final, il s'agissait là du début d'une entraide indispensable à notre survie.
Une parcelle de lumière dans cette zone d'obscurité. Quelques semaines plus tard, alors que nous cherchions d'autres survivants tout en subissant des attaques constantes de morts-vivants, une lueur d'espoir s'éveilla en nous. Un homme que nous ne connaissions pas nous aida à trouver le camp. Il s'appelait Nate. C'est d'ailleurs sûrement grâce à lui que nos pertes humaines se sont réduites lors de notre périples. Il enseigna quelque bases de sport de combat à ceux qui le souhaitaient, moi y compris. Arrivé à Island Dr, je sus que ma famille avait été décimée. Enfin presque, puisque Julia m'accueillit chaleureusement. Elle était ma seule famille et jamais nos liens n'on été aussi soudés...

Aujourd'hui. J'appartiens aux groupes des éclaireurs. C'est-à-dire que je fais parti des "pauvres fous" qui quittent la protection rassurante des murs afin de ramener des vivres, des médicaments et parfois mêmes des survivants au camp. Nous partons parfois durant plusieurs jours parce que les vivres commencent à se faire rares aux alentours du camp. Il nous faut aller de plus en plus loin. Par ailleurs mes études et ma capacité à cartographier les zones de la ville augmentent nos chances de survies en raison des nombreux raccourcis qui nous permettent de contourner la majeure partie des hordes de zombies. Evidemment nous ne sommes jamais à l'abris d'une attaque surprise c'est pourquoi je ne pars jamais sans ma hachette et ma batte. Jusque là, j'ai dû éliminer plus de morts-vivants que je n'ai embrassé de filles. Quelle ironie, moi qui ne m'engageais jamais sur les terrains glissants, qui ne me prenais pas la tête pour rien, me voilà aujourd'hui prêt à me sacrifier pour le bien de l'humanité.